Mon histoire, mon héritage
Les Justes
Un jour, 50 ans après la Libération, il m’a soudain pris le besoin de retourner à Mont St-Père. Je me trouvais Gare du Nord à Paris. J’ai immédiatement loué une voiture et suis parti.
En traversant le village je me suis senti deux yeux différents : l’un pour le réel que je revoyais, l’autre pour la mémoire. J’ai reconnu l’école, là où je courais le plus vite possible, où je ne sortais jamais en récréation pour ne pas être vu, et d’où je courais pour revenir chez les Lavavasseur, le petit magasin en face où j’avais, avant Noël, eu la naïveté de demander un cadeau et où le commerçant m’a dit très brutalement - C’est qui le Père Noël d’après toi ?! Puis je sors du village et je me trouve sur une route qui monte que je ne reconnais plus. Je débraye pour m’arrêter et, au milieu de la route, un homme qui rentrait chez lui s’est arrêté comme si nous avions rendez-vous ! Je sors de la voiture et je m’entends dire, moi-même étonné,
- Vous étiez là il y a 50 ans ?
Il me répond
- Non, mais dites toujours ce que vous cherchez.
Je lui décris la maison. Il se trouve qu’elle est en contrebas et qu’il me fallait prendre un chemin avant cette montée.
Je le fais, je reconnais la maison ! Je sonne. Apparaît sur le balcon une femme que je reconnais immédiatement.
- Liliane !
Elle me répond
- Jeannot ! Viens vite.
En traversant le village je me suis senti deux yeux différents : l’un pour le réel que je revoyais, l’autre pour la mémoire. J’ai reconnu l’école, là où je courais le plus vite possible, où je ne sortais jamais en récréation pour ne pas être vu, et d’où je courais pour revenir chez les Lavavasseur, le petit magasin en face où j’avais, avant Noël, eu la naïveté de demander un cadeau et où le commerçant m’a dit très brutalement - C’est qui le Père Noël d’après toi ?! Puis je sors du village et je me trouve sur une route qui monte que je ne reconnais plus. Je débraye pour m’arrêter et, au milieu de la route, un homme qui rentrait chez lui s’est arrêté comme si nous avions rendez-vous ! Je sors de la voiture et je m’entends dire, moi-même étonné,
- Vous étiez là il y a 50 ans ?
Il me répond
- Non, mais dites toujours ce que vous cherchez.
Je lui décris la maison. Il se trouve qu’elle est en contrebas et qu’il me fallait prendre un chemin avant cette montée.
Je le fais, je reconnais la maison ! Je sonne. Apparaît sur le balcon une femme que je reconnais immédiatement.
- Liliane !
Elle me répond
- Jeannot ! Viens vite.
Elle était en train de regarder les quelques photos de ses parents avec elle et moi pendant la guerre !
Liliane était la fille des époux Levavasseur qui m’avaient recueillis. Elle devait avoir 17 ans environ, elle était très belle. Je me suis souvenu de mon émotion d’enfant devant la beauté de cette fille.
Nous nous sommes revus plus tard. Elle avait eu une vie de souffrance, un mari alcoolique qui la battait, une vieillesse difficile… Quel crève-cœur. Mais l’esprit toujours vif, très joyeuse ! Concernée par l’actualité.
Nous nous sommes retrouvés dans une tendresse partagée.
C’est son fils Jean-Noël qui a reçu la médaille des Justes à titre posthume.
Liliane était la fille des époux Levavasseur qui m’avaient recueillis. Elle devait avoir 17 ans environ, elle était très belle. Je me suis souvenu de mon émotion d’enfant devant la beauté de cette fille.
Nous nous sommes revus plus tard. Elle avait eu une vie de souffrance, un mari alcoolique qui la battait, une vieillesse difficile… Quel crève-cœur. Mais l’esprit toujours vif, très joyeuse ! Concernée par l’actualité.
Nous nous sommes retrouvés dans une tendresse partagée.
C’est son fils Jean-Noël qui a reçu la médaille des Justes à titre posthume.
Cérémonie de la remise de la Médaille des Justes (vidéo)
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